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mercredi 10 août 2011

Cours de Rattrapage : Welcome to CHANEL

Après un an chez Chanel, rue Royale, j'avais hâte de découvrir le documentaire réalisé par Loic Prigent -"Signé Chanel"-. Un cadeau qui ne pouvait pas me faire plus plaisir...Pendant presque trois heures, on découvre en cinq épisodes pris sur le vif cet univers si élégant.

Je me suis revue déambulant dans les couloirs pendus de vestes en tweed, de robes en soie et organdi, de sacs intemporels en agneau plongé, des cardigans en cashmere, de camélias...de beaux souvenirs...
Le monde du Luxe est unique, le connaitre c'est le vivre, le comprendre c'est travailler en boutique.

J'ai eu cette chance, une belle opportunité qui m'a permise de cotoyer une clientèle à 90% internationale. Un métier enrichissant où l'anglais est de rigueur (deux langues étrangères sont requises pour évoluer à la vente, c'est le minimum requis!). Cela m'a amusée de voir défiler des clients de toutes origines et de tous niveaux sociaux, même s'il est vrai que la majorité des clients sont issus de milieux privilégiés. C'est particuli-rement vrai en ce qui concerne les clients asiatiques. L'un des sacs classiques chanel, le 2.55, à ne pas confondre avec le timeless CC, -celui de nos grand-mères avec le fermoir en double C- de la grande taille coûte aujourd'hui 2950 euros. Il y a un peu plus de 5 ans il coutait moitié moins cher. Chanel reste la Maison de couture parisienne par excellence. Il n'est pas rare que les clients se rendent dans toutes les boutiques de la marque : au 31 rue Cambon, lieu où résidait Gabrielle, avenue Montaigne très prisée du Moyen-Orient, et au Faubourg St Honoré en face d'Hermès. Chaque boutique présente sa propre sélection de pièces en fonction de sa clientèle, des goûts de la directrice et biensûr de son budget, lui-même fonction des ventes réalisées. Bref, j'aurai l'occasion de vous reparler de mon expérience en "back office" et sur le "front" comme on l'appelle dans le jargon!

Revenons à notre documentaire. On y apprend beaucoup de choses sur la Maison aux double C, outre Karl Lagerfeld -D.A de la marque depuis 1983-, les "petites mains" participent vivement à la beauté des 9 collections annuelles. Dans l'univers du Luxe, on parle volontiers d'écrins ou de vaisseaux amiraux pour désigner une boutique. Il en est de même pour le terme "prix". Les vendeuses évoque la "valeur" d'une pièce plutôt que son "prix". Il en est de même pour le pull que l'on dénommera "cardigan". Bref, le Luxe est un monde à part avec des codes spécifiques et un langage soutenu qui lui est propre. Bon à savoir!

Le documentaire nous plonge en 2004 au terme de la collection croisière et à l'avènement de la  Haute Couture. Rencontres sont faites avec les différents ateliers : l'atelier jupes et vestes ainsi que l'atelier flous, qui travaillent au rythme des croquis de Karl. Galons, tresses, incrustations, dentelles de chez Lesage, souliers Massaro (encore une fois le langage luxe reprend le dessus : nous parlerons de souliers plutôt que de chaussures). Tout cet univers est fait d'une grande passion pour le savoir-faire, la patience et l'exigence. Madame Virginie Viard évolue aux côtés de Karl, répondant à toutes ses interrogations, les mannequins cabines voient tournoyer des nombreuses ouvrières pour la moindre retouche, les ourlets varient de quelques demi-centimètres tandis que les superstitions s'accumulent. Une paire de ciseaux tombée par terre est un mauvais présage, la mort d'un être proche est imminente. Une aiguille piquée dans la main droite signifie que la couturière connaîtra un changement dans son travail, en ce qui concerne la maison gauche, il s'agira du coeur.
La veille du défilé, la presse internationale est invitée à découvrir quelques pièces au studio. Les robes et autres créations seront par la suite filmées pour les archives. Le jour J, les clientes se bousculent pour être vues et reconnues, Oprah Winfrey parle d'une collection "fantastique", Anna Mouglalis se fait attendre tandis que Kristin Scott Thomas patiente sur le front row du défilé.
Un show dure en moyenne 30 minutes avec une trentaine de passages. Attention, ils commencent très rarement à l'heure, il faut compter 30 à 45 minutes de retard dans le meilleur des cas. Enfin, cela dépend des shows. Les grandes faiseuses de mode se font souvent attendre : Anna Wintour, Carine Roitfeld aujoud'hui remplacée par Emmanuelle Alt et bien d'autres!

Tandis que la presse et les happy few découvrent le défilé, les ouvrières en backstage auront droit au leur. Le lendemain les clientes accoureront dans les salons privés de la rue Cambon  pour des essayages à 4 ou 5 chiffres.

En un mot, ce film est à voir, vous ne regretterez pas!

A très bientôt,

Lili

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